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razzias barbares, ce qu'elles coûtent de sang, ce qu'elles provoquent d'incendies et de pillages, enfin au profit de qui elles se font.

C'est au XVe siècle seulement que l'on voit s'exercer. pour la première fois, la traite des noirs, et voici dans quelles circonstances elle fut établie :

Les Musulmans, après avoir été chassés d'Espagne, s'étaient réfugiés au delà du détroit sur la côte d'Afrique. Les Portugais, qui occupaient alors cette partie du littoral, les poursuivirent avec acharnement. Un certain nombre de ces fugitifs furent faits prisonniers et ramenés en Portugal. Réduits en esclavage, ils constituèrent le premier noyau d'esclaves africains qui ait été formé dans l'Europe occidentale depuis l'ère chrétienne.

Mais ces Musulmans appartenaient pour la plupart à de riches familles, qui voulurent les racheter à prix d'or. Refus des Portugais d'accepter une rançon, quelque importante qu'elle fût. Ils n'avaient que faire de l'or étranger. Ce qui leur manquait, c'étaient les bras indispensables au travail des colonies naissantes, et, pour tout dire, les bras de l'esclave.

Les familles musulmanes, ne pouvant racheter leurs parents captifs, offrirent alors de les échanger contre un plus grand nombre de noirs africains, dont il n'était que trop facile de s'emparer. L'offre fut acceptée par les Portugais, qui trouvaient leur avantage, à cet échange, et c'est ainsi que la traite se fonda en Europe.

Vers la fin du XVIe siècle, cet odieux trafic était généralement admis, et les mœurs encore barbares n'y répugnaient pas. Tous les États le protégeaient, afin d'arriver plus rapidement et plus sûrement à coloniser les îles du Nouveau-Monde. En effet, les esclaves d'origine noire pouvaient résister, là où les blancs, mal acclimatés, im-


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