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fallu que l'esclave noir vînt remplacer, dans les provinces musulmanes, l'esclave blanc d'autrefois. Aussi, des traitants de toute origine font-ils en grand cet exécrable trafic. Ils apportent ainsi un supplément de population a ces races qui s'éteignent et disparaîtront un jour, puisqu'elles ne se régénèrent pas par le travail. Ces esclaves, comme au temps de Bonaparte, deviennent souvent des soldats. Chez certains peuples du haut Niger, ils composent pour moitié les armées des chefs africains. Dans ces conditions, leur sort n'est pas sensiblement inférieur à celui des hommes libres. D'ailleurs, quand l'esclave n'est pas un soldat, il est une monnaie qui a cours, même en Egypte, et au Bornou, officiers et fonctionnaires sont payés en cette monnaie-là. Guillaume Lejean l'a vu et l'a dit.

Tel est donc l'état actuel de la traite.

Faut-il ajouter que nombre d'agents des grandes puissances européennes n'ont pas honte de montrer pour ce commerce une indulgence regrettable ? Rien n'est plus vrai pourtant, et tandis que les croisières surveillent les côtes de l'Atlantique et de l'océan Indien, le trafic s'opère régulièrement à l'intérieur, les caravanes cheminent sous les yeux de certains fonctionnaires, les massacres où dix noirs périssent pour fournir un esclave s'exécutent à des époques déterminées !

Aussi comprendra-t-on, maintenant, ce qu'avaient de terrible ces paroles que Dick Sand venait de prononcer :

« L'Afrique ! L'Afrique équatoriale ! L'Afrique des traitants et des esclaves ! »

Et il ne se trompait pas : C'était l'Afrique avec tous ses dangers, pour ses compagnons et pour lui.

Mais sur quelle partie du continent africain une inexplicable fatalité l'avait-elle fait atterrir ? A la côte ouest évidemment, et, circonstance aggravante, le jeune novice


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