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des compagnons, nègres d'origine, proie toute indiquée à la rapacité des marchands d'esclaves !

Oui, c'était l'Afrique, et non cette Amérique où ni les indigènes, ni les fauves, ni le climat ne sont véritablement redoutables. Ce n'était pas cette région propice, située entre les Cordillères et la côte, où les bourgades abondent, où les missions sont hospitalièrement ouvertes à tout voyageur. Elles étaient loin, ces provinces du Pérou et de la Bolivie, où la tempête aurait assurément porté le Pilgrim, si une main criminelle n'eût dévié sa route, où des naufragés eussent trouvé tant de facilités de rapatriement !

C'était le terrible Angola, et non pas cette partie de la côte directement surveillée par les autorités portugaises. mais l'intérieur même de la colonie, que sillonnent les caravanes d'esclaves sous le fouet des havildars.

Que savait Dick Sand de ce pays où la trahison l'avait jeté ? Peu de choses, ce qu'en avaient dit les missionnaires des XVIe et XVIIe siècles, les marchands portugais qui fréquentaient la route de Saint-Paul de Loanda au Zaire par San-Salvador, ce qu'en avait raconté le docteur Livingstone, lors de son voyage de 1853, et cela eût suffi à abattre une âme moins forte que la sienne.

En vérité, la situation était épouvantable.


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